La signature d’un CDI est toujours une bonne nouvelle.

 Pour certains salariés, c’est bien plus que cela. Plus qu’une victoire ou une revanche sur la vie, c’est la clé de la liberté. Avec la signature de son CDI ce 1er septembre 2020, c’est toute l’histoire professionnelle et personnelle d’Anselme Koffi qui est bouleversée. Mais dans le bon sens. Retour sur une belle histoire qui n’a pourtant pas débuté sous les meilleurs auspices.

 

C’est l’histoire d’Anselme Koffi, 32 ans, qui, en janvier 2018 est contraint de fuir son pays, la Côte d’Ivoire, en laissant derrière lui sa femme et ses 2 fils ainsi que son commerce de débit de boissons. Après avoir fait une demande d’asile en tant que réfugié politique, on l’envoie en Vendée, aux Sables d’Olonne. Et comme toute personne dans son cas, on ne lui donne pas le droit de travailler pendant 9 mois. Anselme profitera de ce temps d’arrêt forcé pour s’investir pleinement en tant que bénévole à la Croix Rouge. Car Anselme est de ceux qui, chaque jour, se lèvent le matin, la volonté chevillée au corps. Armé de son Bac S et de son parcours en Math’Sup, il s’inscrit dans des agences d’intérim et multiplie les travaux difficiles sur lesquels il se rend toujours en vélo, faute de permis.

Le 21 janvier 2019, c’est en costume, et toujours sur son vélo, qu’il croise la route d’Emmanuel Friconneau, Responsable du site de production des abris de piscine Gustave Rideau qui organise ce jour-là des entretiens pour un poste de cintreur. La mission consiste à manipuler des profils d’aluminium de 7 m de long remplis de sable, à paramétrer la cintreuse puis à glisser chaque profil dans cette machine qui sert à galber l’aluminium pour ensuite enlever le sable du profil. Si l’on considère les 90 kg de chaque profil d’aluminium, on peut dire que le travail est physique mais il requiert d’autres qualités comme la minutie ou le sens du contrôle qualité.

Ces qualités, Anselme les possède sans conteste. Mais lors de cette rencontre, Emmanuel décèle surtout un courage, une envie et un savoir-être hors du commun. Il est intrigué par le parcours atypique de cet homme et, sûr de ne pas se tromper, il lui donne sa chance. Chaque jour Anselme fait l’aller-retour Les Sables d’Olonne / Saint-Mathurin en vélo. Le jour, la nuit, en fonction de ses horaires qui sont en 2×8. Il trouve dans l’équipe d’Abri Piscine Gustave Rideau une forme de famille et s’investit à fond pour, dit-il « prouver à Emmanuel qu’il ne s’est pas trompé en me choisissant ». Les semaines, les mois passent. Emmanuel Friconneau aimerait l’embaucher pour de bon mais Anselme fait partie des derniers arrivés… Il convertit néanmoins son statut d’intérimaire en CDI intérimaire en se portant garant de son embauche. À l’annonce de cet engagement, Anselme fond en larmes et entrevoit l’espoir d’une vie meilleure, avec sa femme et ses enfants qu’il n’a pas revus depuis 3 ans.

Ce 1er septembre voit enfin l’aboutissement de ce courage et de ces mois difficiles. Aux côtés d’un Emmanuel Friconneau très ému, Anselme signe avec beaucoup de fierté son CDI, le précieux sésame pour ce qui lui reste à venir et à vivre : sa régularisation et le regroupement de sa famille. Sa première décision après cet événement : passer le permis. Puis apprendre à nager pour profiter de l’océan avec ses enfants quand ils seront là.

La belle histoire ne fait que commencer…